Argumentaire Colloque Lisbonne 2011

Colloque du Centre de Recherche et d’Echanges sur la Diffusion et l’Inculturation du Christianisme (CREDIC)

à Lisbonne (30 aôut - 3 septembre 2011)

en co organisation avec

Centro de História de Além-Mar, Universidade Nova e Universidade dos Açore (CHAM)

Sociedade de Geografia de Lisboa – Secção A Ordem de Cristo e a Expansão

Universidade Lusófona de Humanidades e Tecnologias (Cátedra A Ordem de Cristo e a Expansão e Centro de Estudos de Ciência das Religiões)

Centro de Estudos de História Religiosa – Universidade Católica

Grupo dos Amigos do Convento de Cristo (GACC)

Direction scientifique : Hugues Didier et Maria Madalena Larcher

PÉDAGOGIES MISSIONNAIRES

TRADUIRE, TRANSMETTRE, TRANSCULTURER

Traduire, transmettre, transculturer : ces trois termes peuvent se comprendre ou être envisagés aussi bien de manière synchronique que de manière diachronique. La notion de pédagogies missionnaires embrasse le vaste champ des stratégies culturelles de la mission comprise comme diffusion, réception et réappropriation de son message, : il s’étend du choix d’une langue ou d’un niveau de langue pour la prédication ou encore pour les traductions — aussi bien de la Bible que de textes catéchétiques ou apologétiques —, à la politique éditoriale et des questions de journalisme à l’enseignement et aux diverses politiques de scolarisation sans négliger les spiritualités missionnaires qui déterminent ces pédagogies. La notion de pédagogies missionnaires doit donc être à la fois précisée et amplifiée. Elle englobe les aspects de la présentation, de la transmission et de la transculturation du message porté par la mission. Il est important de maintenir cette terminologie large, ni pour laisser l’enseignement en dehors du champ envisagé, ni pour se limiter à lui. Il faut observer que le thème des pédagogies de l’enseignement tout court irait sans doute réduire cet univers qui est en soi plus large. Ce faisant, il risquerait de voiler le fait fondamental, à savoir que ce sont les moyens de dialogue et de transmission en dehors de la sphère scolaire qui sont à la base des autres moyens pédagogiques.

À ce propos, il convient de rappeler que dans d’autres colloques, le CREDIC a déjà traité :

1) « Écoles et missions » [Salamanque 1987],

2) « Les enjeux de la traduction » [Raclaz et Lyon 1995-1996],

3) « Spiritualités missionnaires » [Bayonne 2006].

• Ces thèmes sont directement apparentés les uns aux autres. S’il faut éviter de les reprendre tels quels, il n’est pas interdit d’en reprendre certains sous-thèmes.

• Il est possible de construire, de consolider, de compléter une ou plusieurs problématiques déjà traitées, sans les répéter. Autant que faire se peut, dans la formulation des titres et des problématiques, on évitera le registre exclusivement théologique et même le registre unilatéralement confessionnel.

• On s’efforcera de trouver une formulation des titres et des problématiques une terminologie scientifiquement recevable. C’est une nécessité qui découle du point de vue interdisciplinaire qui a cours au CREDIC.

I - LE RÔLE DÉCISIF DES PÉDAGOGIES MISSIONNAIRES

• Les moyens choisis pour transmettre, traduire ou transculturer le message dépasse de loin le seul champ scolaire. Il faut opérer des choix et se donner la peine de déterminer dans quel ordre les divers éléments du message seront énoncés, et selon quel réseau de références au contexte culturel de la société dans laquelle la mission s’insère. La détermination d’un ordre ou d’une manière de procéder n’est pas sans rapport avec certaines pratiques proprement culturelles. Bien souvent, il a été observé qu’on ne pouvait pas annoncer l’Évangile en en mettant tous les aspects sur le même plan. Pas de pédagogie missionnaire sans mise en perspective circonstanciée, des différents aspects du message chrétien. Ainsi, au Japon, François Xavier se rendit vite compte de l’effet négatif, profondément déstructurant, qu’avait sur les néophytes japonais une insistance prématurée ou maladroite sur les Fins dernières, élément central, à cette époque, de la conscience religieuse catholique en Europe. La figure du Christ chasseur de démons, exorciste ou guérisseur est très périphérique dans notre esprit. Pourtant, elle est bien un élément essentiel du texte évangélique. Elle peut redevenir centrale dans une société obsédée de pratiques magiques.

• Il faut prendre en compte les possibilités réelles et plurielles du cheminement missionnaire. Caricature de ces variations : les dominicains reprochèrent aux jésuites de parler le moins possible ou le plus tard possible aux néophytes chinois du scandale de la Croix. La question des rôles respectifs de l’image ou de l’écrit, de leur rivalité ou de leur complémentarité, en tant qu’appuis de la prédication, est une question longtemps en débat entre catholiques et protestants, question aussi qui renvoie à l’état plus ou moins embryonnaire de l’accès à l’écriture et de l’alphabétisation ou de l’analphabétisme de la société à laquelle la mission s’adresse.

II - PÉDAGOGIES MISSIONNAIRES ET CHEMINEMENTS CULTURELS

• La proposition du message par la mission est inséparable de certaines pratiques d’ordre culturel : respecter les données culturelles du peuple à évangéliser ou au contraire, l’européaniser dans les faits, sont deux pratiques certes opposées, mais qui toutes deux, relèvent de la « stratégie culturelle » de la mission. Toutes deux, également, peuvent être définies comme des « pédagogies missionnaires »: africanisation, asiatisation, océanisation, caraïbisation, etc. du christianisme versus européanisation, avec les solutions intermédiaires.

• Le thème du métissage culturel est induit par l’évangélisation : c’est toute la gamme des interférences culturelles induites par l’entrée d’un peuple dans l’Église. Sur ce terrain de confrontation entre réalités et théories, la référence à des modèles intermédiaires (de métissage culturel), parfois malheureusement laissés de côté. La tendance de l’esprit est souvent de pencher du côté d’une dichotomie trop simple et superficielle, ce qui en général, n’existe que sous le point de vue abstrait. Les termes extrêmes appartiennent au champ de la théorie plutôt que de la pratique : on n’a encore jamais vu l’identité culturelle d’un peuple n’être en rien affectée par sa christianisation, et on n’a jamais vu de peuple à la fois christianisé et européanisé (métissé) ne rien garder de son identité culturelle originelle. On est en droit de penser qu’opposer absolument l’acculturation et l’authenticité d’un peuple relève plus du débat d’idées que de l’étude des réalités historiques.

III - LA QUESTION DES LANGUES, DE L’ÉCRITURE ET DES TRADUCTIONS.

• La question de la pédagogie missionnaire est solidaire de pratiques culturelles notamment dans l’immense champ du rapport à l’écrit/à l’Écriture. Il serait utile de porter un regard sur le problème des langues proprement dit, dans la complexité des questions y touchées (raisons théologiques, raisons institutionnelles et de pouvoir, approche aux Écritures), surtout sous des angles nouveaux. Parmi ceux-ci, il conviendra peut-être de réviser les jugements souvent consacrés mais éloignées des réalités.

• La confrontation entre les théories et les réalités doit être poursuivie, quand on est conscient de combien les auteurs des différentes époques, ainsi que les historiens (nationaux, des ordres et de plusieurs instituts) on travaillé leur propre discours selon des intentions cachées qu’on doit continuer à dévoiler.

• Il est tôt apparu, tant du côté catholique que du côté protestant, que les catéchismes européens devaient être totalement refondus pour être utilisables en Asie : ce n’était pas seulement une question de langue et de terminologie. Non que ce problème fût secondaire : voir par exemple comment désigner Dieu. Un nom déjà utilisé, un néologisme, un emprunt ? Éventuellement, le problème des emprunts au lexique religieux du bouddhisme (Japon), de l’islam (swahili, malais indonésien), des religions traditionnelles (Afrique, Océanie).

• Sur ce terrain des réalités, et sur l’esprit pragmatique des missionnaires, il est bon de bien analyser ce qui est original à chaque agent (chaque ordre, chaque élément, soit dans le monde catholique, soit dans le protestant) et ce qui, au fond, résulte du profil de chaque peuple ; ce qui a été envisagé souvent en tant que signe de créativité des missionnaires en est plusieurs fois le résultat d’une inévitable adaptation aux pays et aux cultures. Il serait intéressant de regarder comment les idées dont on est obsédé à chaque époque touchent les horizons des mentalités religieuses. Vis-à-vis des traductions des évangiles, il conviendra de tenir compte du fait que les stratégies catholiques sont différentes en Europe et dehors; il fallait croiser cette perspective avec celles des institutions ; ces traductions permises au Japon et en d’autres parties d’Asie, pouvaient être plutôt liées à certains Instituts.

• Du côté catholique —à propos de la question des traduction des Évangiles (voire de toute la Bible)—, on a observé des variations extrêmes dans les pratiques depuis le XVIe siècle, en fonction des caractéristiques de chaque peuple : alors que dans une bonne partie du monde catholique, en Espagne notamment, les fidèles étaient privés d’un accès direct au texte saint dans leur langue, des traductions catholiques pouvaient être diffusées hors d’Europe (en arabe, en persan, en chinois, sans compter les versions manuscrites du Nouveau Testament utilisées dans l’Asie Portugaise…).

• Du côté protestant, la diffusion massive de la Bible a exigé parallèlement une politique de scolarisation. Mais le rôle décisif donné, du côté catholique, à la formation des catéchistes, aussi bien aux XVIe-XVIIe siècles qu’aux XIXe-XXe siècles, requiert aussi une politique scolaire. En ce sens, de part et d’autre, une certaine pédagogie du croire est inductrice de comportements culturels. Au niveau des catéchismes, une analyse théologique comparée, basée sur des exemples concrets, serait fort utile.

IV – L’«ESPACE LUSOPHONE » ET SES PÉDAGOGIES MISSIONNAIRES

• Compte tenu du fait qu’au cours de son expansion outre-mer le Portugal a rencontré des civilisations extrêmement différentes, il est concevable que les pédagogies missionnaires aient été extrêmement diverses. Le christianisme ne s’est pas du tout trouvé sur le même terrain, au Brésil, en Afrique, en Inde ou en Indonésie, tant du côté catholique qu’un peu plus tard du côté protestant (Angola, Mozambique).

• Une ample participation portugaise et lusophone à ce colloque est donc souhaitable. La langue du colloque sera le français. Hugues Didier s’engage à offrir éventuellement une assistance linguistique à de jeunes chercheurs soit portugais, soit liés à l’espace lusophone qui ne seraient pas aussi à l’aise que leurs aînés en français : il suffira que leur texte lui soit envoyé suffisamment à l’avance pour que il en fasse une version française. Vis-à-vis de la participation portugaise pour l’étude des différences pédagogiques dans les différents continents, Madalena Larcher se propose de prendre contact avec les indications des Institutions qui pourront participer au colloque.

V - CALENDRIER

Arrivée le mardi 30 août en fin d’après midi (17h) à Lisbonne. Le colloque se déroule du mercredi 31 août (10h) au vendredi 2 septembre (19h) (= six demi-journées). Pendant ces trois jours, les horaires seraient de 10h à 13 h et de 15h à 19 h, soit un total de 6 ou de 7 interventions par jour.

Le samedi 3 septembre est un jour de découverte culturelle à Tomar.

VI - ORGANISATION MATÉRIELLE

• Pour les participants au colloque, le logement est proposé au Colégio Pio XII, chambres, avec salle de bain. Prix : 20€ par jour pour une chambre d’une personne, 35€ pour une chambre à deux lits, petit déjeuner compris. Il ne sera pas possible d’y dîner le soir, mais il y a des restaurants bon marché tout près.

• Arrivée à Lisbonne dans l’après-midi du mardi 30 août.

• Le mercredi 31 août, premier jour du colloque, les séances en seront tenues à l’Universidade Nova de Lisboa, plus précisément au Centro de História de Além-Mar (CHAM, Centre d’histoire d’outre-mer).

• Les jeudi 1er et vendredi 2 septembre, le colloque se tiendra à la Sociedade de Geografia.

La Sociedade de Geografia possède un restaurant très agréable et très pratique dont les prix sont les suivants: 13€ par personne (repas complet, boisson / vin, dessert et café).

• Le vendredi 2 septembre, pour la clôture du colloque à la Sociedade de Geografia, un cocktail sera organisé dans la salle d’honneur de cet organisme. Prix par personne: 25€.

• Le samedi 3 septembre, excursion à Tomar, avec retour le soir à Lisbonne. Accès est facile depuis Lisbonne : il y a un train toutes les heures.

• Départ de Lisbonne le soir du samedi 3 septembre, ou dans la journée du dimanche 4 septembre.

VII - APPELS À COMMUNICATION

DATE LIMITE : 28 février 2011

Adresser les propositions conjointement à Hugues Didier : hugdid@voila.fr et Madalena Larcher : madalena_larcher@hotmail.com

Le CREDIC ne peut malheureusement prendre en charge aucun voyage ni aucune pension. En cas de difficulté en référer au président (cf. ci-dessous). Toutefois, les intervenants sont dispensés du droit d’inscription au colloque (30€).

NOTA BENE

Un bulletin d’inscription au colloque sera disponible début février 2011. Vous pourrez le trouver sur le blog du CREDIC (credic.blogspot.com) ou en vous adressant directement au président du CREDIC :

Jean-François Zorn : jean-francois.zorn@univ-montp3.fr