Appel à communication 2017

38e colloque du Centre de Recherche et d’Échanges sur la Diffusion et l’Inculturation du Christianisme (CREDIC)

En collaboration avec l'Université Catholique de Louvain

Annoncer quel Dieu ? Promouvoir quel homme ?

Les variations sur Dieu et l'homme dans le discours et la pratique missionnaires des Réformes à nos jours

Dates : 25 - 29 août 2017

Lieu : Abbaye des Bénédictines de Maredret, 9 rue des Laidmonts 5537 Anhé (Belgique)

Dans le discours et la pratique missionnaires au cours des derniers siècles, les variations dans la présentation de dieu aux peuples lointains méritent d’être étudiées. À ces variations, voire à ces ruptures, correspondent, d’une part, des mutations de la conception même du cœur religieux du message missionnaire et, d’autre part, des changements importants dans la façon d’aborder, de concevoir et d’organiser les sociétés humaines. L’histoire de la dynamique missionnaire a souvent conjugué annonce religieuse évangélique et objectifs sociétaux humanitaires. Comment les changements théologiques s’articulent-ils aux variations anthropologiques dans les pratiques et sensibilités des diverses confessions chrétiennes ?

Une perspective commémorative du « temps des confessions »

Une association œcuménique comme le Crédic ne peut passer sous silence le fait que l’année 2017 marque les 500 ans de la Réformation protestante qui provoque la (contre) Réforme catholique. Ainsi s’est ouvert « le temps des confessions[1] », catholique romaine et protestantes. La question missionnaire est au cœur de ce conflit des confessions à l’heure ou le catholicisme se déployant dans le Nouveau Monde (1492) s’interroge sur l’humanité des populations nouvelles rencontrées ; à l’heure où le protestantisme naissant ne peut se déployer mais suscite des refuges (années 1550 et 1560 au Brésil et en Floride) ; sans négliger le fait que la chrétienté d’Orient est bloquée par la chute de Constantinople (1453).

Une démarche historienne pluridisciplinaire

C’est une démarche historienne pluridisciplinaire qui est proposée. Il ne s’agit pas de passer au crible les controverses qui ont agité le monde théologique. Dans les faits, les missionnaires ont contribué à annoncer un dieu et à construire une (ou des) vision(s) de l’homme et de la société. Concrètement, on s’efforcera de poser des questions en analysant et observant les discours et les pratiques tant sur les différents terrains de la mission qu’à l’arrière et de reconstituer ainsi certaines évolutions de l’image du dieu annoncé, des dieux rencontrés et du dieu reçu ou refusé. La thématique est vaste, mais il s’agit simplement de l’éclairer par quelques études de cas ou encore par des communications qui esquissent des problématiques ou dessinent des pistes concernant les sources à exploiter et les méthodes à mettre en œuvre.

Une analyse fouillée de ces questions sur les cinq siècles écoulés depuis la découverte des mondes nouveaux ne peut être envisagée pour un seul colloque. Pourtant, malgré notre orientation de facto vers les siècles plus récents de la mission, quelques plongées dans les périodes plus anciennes seront nécessaires en les reliant aux dynamiques missionnaires de l’époque romantique et coloniale des XIXe et XXe siècles selon les axes suivants.

Axe 1 - Le dieu annoncé

De quel dieu le missionnaire se veut-il l’annonceur ou le témoin ? Dieu ritualiste ? Garant de l’ordre établi ? Bâtisseur ? Éducateur ? Libérateur ? Un dieu qui sauve, mais quel salut et pour quel homme ? Et en relation avec cette annonce, quel type de société humaine les missionnaires cherchent-ils à mettre en place ? Quels types d’humains les missionnaires cherchent-ils à former (hommes soumis, autonomes) ? Quels bagages civilisationnels (philosophiques, culturels, artistiques, techniques, sociétaux, etc.) les missionnaires ont-ils embarqué et imposé dans leur présentation de dieu ?

Les conceptions chrétiennes unissent, en la personne de Jésus le Christ, l’humain et le divin. La christologie occupe une place centrale. Celui qui est annoncé est un dieu qui entre en humanité. Quelle place Jésus le Christ tient-il dans l’annonce missionnaire et quel type d’humanité invite-t-il à construire ? Quelle christologie les missionnaires ont-ils développé et comment celle-ci fut-elle perçue ? D’autres traditions rencontrées par les missionnaires ont-elles développé de telles médiations entre le divin et l’humain ?

Axe 2 - Les dieux rencontrés

Il faut s’interroger sur les dieux rencontrés par les missionnaires dans la diversité des cultures. S’interroger aussi sur les conceptions de l’humain corrélatives à ces perceptions du divin : observer les continuités et les ruptures établies par les missionnaires entre leur message et les conceptions locales. Certains missionnaires ont eu l’impression d’être engagés dans un combat sans merci contre « la cité de Satan ». D’autres ont considéré l’humanité comme incapable, sans l’aide de la grâce divine, de construire des sociétés émergeant de la barbarie. D’autres enfin ont tenté d’établir des ponts entre le Dieu qu’ils annonçaient et le ou les dieux « déjà là ».

Axe 3 - Le dieu reçu ou refusé

Comment les populations « missionnées » reçoivent-elles l’annonce du dieu des missionnaires ? Ou pour quelles raison le refusent-elles ? Existe-t-il une zone d’intersection entre le dieu annoncé par le missionnaire et le dieu reçu dans les mentalités locales dont l’horizon d’attente est radicalement autre. Quel impact ce dieu annoncé produisait-il sur l’organisation des sociétés locales (dieu riche, organisateur, efficace, allié des puissants ? dieu répressif ou émancipateur ?) ?

Adresser votre proposition de communication d’ici le 15 janvier 2017 à :

Jean Pirotte : jean.pirotte(at)uclouvain.be

Jean-François Zorn : jean-francois.zorn(at)univ-montp3.fr

Direction du colloque :

Jean Pirotte (Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, et Fonds National de la Recherche Scientifique)

Jean-François Zorn (Institut Protestant de Théologie Montpellier-Paris – Centre Maurice Leenhardt de recherche en missiologie et Université Paul-Valéry Montpellier 3)

Comité scientifique :

Luc Courtois (Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve),

Henri Deroitte (Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, et Centre Vincent Lebbe),

Jean Pirotte (Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, et Fonds National de la Recherche Scientifique),

Caroline Sappia (Revue Social Compass),

Gilles Vidal (Institut Protestant de Théologie Montpellier-Paris – Centre Maurice Leenhardt de recherche en missiologie et Université Paul-Valéry Montpellier 3),

Jean-François Zorn (Institut Protestant de Théologie Montpellier-Paris – Centre Maurice Leenhardt de recherche en missiologie et Université Paul-Valéry Montpellier 3)

[1] Titre du Volume 8 de l’Histoire du Christianisme, sous la dir. de Jean-Marie Mayeur et Alii, Desclée 1992.