Appel à communication 2016
37e colloque du Centre de Recherche et d’Échanges sur la Diffusion et l’Inculturation du Christianisme (CREDIC)
En collaboration avec le GRIEM (Groupe de Recherche Interdisciplinaire sur les Écritures Missionnaires)
Hommes et femmes en mission
entre confrontation et partage
Dates : 23 - 27 août 2016
Lieu : Frères des Ecoles Chrétiennes, 78 rue de Sèvres, 75007 Paris
Préambule
Ce colloque s’inscrit dans le sillage de trois colloques précédents du CREDIC sur L’appel de la mission, formes et évolutions (1988), Femmes en mission (1990), Jeux et enjeux identitaires des acteurs de la mission (2014) et de la collection des Anthologies missionnaires (2007-2015) du GRIEM. Le colloque du CREDIC de 2016 entend examiner et comprendre les types de liens tissés entre hommes et femmes dans l’œuvre missionnaire contemporaine.
Conscient du fait que le statut de missionnaire a été initialement pleinement accordé aux hommes et progressivement aux femmes, le colloque entend explorer dans toute sa complexité la construction de la communauté missionnaire où hommes et femmes cohabitent et/ou collaborent, se distinguent et/ou se complètent sur la base de vocations, de situations matrimoniales, de fonctions, de rôles, d’origines, de destinations et de confessions différentes.
Période retenue
Centré sur la période contemporaine, le colloque de Paris comme les précédents, pourra faire place à des expériences missionnaires des XVIIe et XVIIIe siècles, afin de rappeler l’importance de leur antécédence et de mieux comprendre les ressorts du déploiement de la mission hors d’Europe à partir de la période contemporaine.
Les communications données au colloque pourront se distribuer selon les axes suivants :
Axe I : Situation matrimoniale des missionnaires et départ en mission
Corréler les situations matrimoniales des missionnaires et leur départ en mission est pertinent dès lors que ces situations sont suscitées et exigées par les instructions des sociétés protestantes qui appellent, forment et envoient des missionnaires : célibat imposé aux premiers missionnaires, suivi de leur mariage, arrangé, imposé ou recommandé. Du côté catholique, le célibat des prêtres, comme celui des religieux et religieuses, est d’ordre vocationnel. Ce sont des statuts constitutifs de l’être missionnaire chrétien.
À côté de l’étude des situations réglementaires et canoniques, le colloque pourra s’intéresser également aux situations initialement jugées problématiques voire interdites (divorce, remariage des divorcés, mariages mixtes inter-ethnique ou interconfessionnel, concubinage), et aux évolutions récentes des situations matrimoniales des missionnaires.
Y a-t-il un appel particulier adressé aux femmes en réponse à une vocation individuelle ou communautaire, et si oui, par qui ? Des missionnaires hommes ? Des autorités ecclésiastiques ? Des congrégations partageant une même spiritualité ? des autorités coloniales ? Etc. Pourquoi, comment et dans quelles circonstances sont suscitées puis fondées les congrégations (catholiques) et les sociétés (protestantes) féminines ?
Axe II : Séjour et vie quotidienne
Le séjour en mission selon les lieux de destination et d’implantation, conditionne la vie quotidienne des missionnaires. La différentiation homme/femme, célibataire/marié, avec/sans enfants, communautés masculine/féminine détermine-t-elle une géographie ville-bourg/campagne-brousse de l’implantation des missionnaires ? À l’intérieur d’un lieu d’implantation missionnaire donné (station/annexe/lieu ouvert) comment s’organise la vie quotidienne et en fonction de quelle organisation spatiale ? Comment les enfants de missionnaires vivent-ils l’expérience de leurs parents (existence d’internats de missionnaires, renvoi en Europe, ou éducation parmi les enfants autochtones).
On sera attentif aux autres hommes et femmes que la présence des missionnaires fait advenir : hier, personnel d’appoint (boy et nourrices, ouvriers et ouvrières), aujourd’hui collaborateurs et collaboratrices dans le travail missionnaire tant laïc (sanitaire, scolaire, agricole et artisanal) que religieux (cultuel, pastoral, catéchétique etc.).
Axe III : Rôles et fonctions
Les femmes sont-elles considérées, tant à titre individuel qu’institutionnel, comme des missionnaires à part entière ou des auxiliaires des hommes (épouses, demoiselles, sœurs) ? Quels fondements donner à l’apostolat féminin : biblique, canonique, culturel, sociétal ? Y-a-t-il des rôles et des fonctions missionnaires affectés selon le sexe et d’autres partagés : éducation, santé, artisanat, catéchèse, évangélisation ? La différenciation des rôles et des fonctions entraîne-t-elle des rapports de dépendance et de domination ou au contraire de spécialisation et de collaboration ? Comment est reconnue et qualifiée la diversification des tâches missionnaires assurées par les hommes et les femmes ?
Quelles évolutions apparaissent dès lors qu’une christianisation « quantitative » (centrée sur l’administration des sacrements, la croissance des communautés, l’importance des statistiques) fait place à une perspective plus « qualitative », (axée sur l’avenir des communautés chrétiennes autochtones, la vie conjugale et familiale, l’éducation des enfants, l’engagement des laïcs, etc.), le christianisme s’insérant dans le quotidien.
Axe IV : Interactions missionnaires et populations locales
Comme tous les autres colloques, celui de Paris s’intéressera aux interactions entre missionnaires et missionnés. Comment les populations autochtones évangélisées ont-elles perçu la situation des missionnaires ? Comme des pères, des mères, des frères (en lien ou non avec un titre ecclésiastique) ? Comme des chefs traditionnels de tribus des représentants de structures nouvelles, etc. ? Comment les femmes et les hommes européens et non-européens ont-ils jugé, dans le temps, les pratiques de l’autre, et comment s’opèrent les transactions provoquées par l’évolution actuelle des mœurs ?
On pourra évoquer, côté non-européen les pratiques traditionnelles de la polygamie, des castes, des mutilations sexuelles, de l’autorité patriarcale ou matriarcale dans les structures familiales, et côté européen les pratiques de la séparation des couples, du concubinage, de l’homosexualité. Les modifications récentes des frontières entre modèles à imiter, voire à imposer, et contre-modèles à proscrire, voire à interdire, façonnent-elles une éthique missionnaire originale (parce qu’interculturelle) dans les domaines de la personne et de la famille, porteuse de questions universelles ?
Axe V : Solidarité missionnaire hommes/femmes
Il est bien connu que la mission « à l’avant » n’a été possible – et c’est encore le cas aujourd’hui – que grâce à l’action « à l’arrière » (en Europe et Amérique du Nord) des supporters de la mission porteurs et porteuses de la solidarité et de la spiritualité missionnaires[1]. On pourra s’intéresser tant aux institutions chrétiennes en Europe et Amérique du Nord qui se sont spécialisées dans cette forme de solidarité envers la mission outre-mer, qu’aux figures emblématiques de cette solidarité, particulièrement des femmes, des laïcs, des adolescents et des enfants, à leurs méthodes préfiguratives et sollicitatrices de vocations missionnaires pour l’avant.
Comment ces actions souvent innovantes ont-elles atteint l’encadrement masculin des Églises « à l’arrière » et élargi leurs horizons ? Comment le mouvement retour de la mission s’est-il opéré notamment à travers l’apparition de congrégations et de sociétés féminines, masculines, mixtes autochtones favorisant la solidarité Nord et du Sud et la transformation du Nord en terre de mission.
Les propositions de communication devront être transmises aux directeurs scientifiques avant le 15 mars 2016.
Direction scientifique :
Catherine MARIN (GRIEM) : <cm.marin@yahoo.fr>
Jean-François ZORN (CREDIC) : <jf.zorn@wanadoo.fr>
Avec la collaboration de Chantal Paisant et Pascale Cornuel.
[1]. Voir à ce propos le colloque du CREDIC, Spiritualités missionnaires contemporaines. Entre charismes et institutions (2005).